Bernard Jaeck

Nous vous souhaitons tout le réconfort, le soutien, le courage et la bienveillance que vous méritez dans ce moment difficile.

Mon très cher papa Bernard, Aujourd'hui, je me lance dans l'écriture de cette lettre, un exercice que je redoutais depuis toujours. Le jeudi 30 novembre restera à jamais gravé dans nos cœurs, car c'est le jour où tu as choisi de nous quitter pour rejoindre tes amis et ta famille au-delà des étoiles. Je tiens à te dire combien tu as été un roc pour moi tout au long de ma vie. Tu as été présent à mes côtés, que ce soit dans les moments joyeux qui illuminent la vie ou dans les instants douloureux qui nous façonnent. Ta traversée de la vie a été marquée par une force intérieure exceptionnelle, te permettant d'affronter avec humour, gentillesse et bienveillance toutes les épreuves qui se sont dressées sur ton chemin. Ta jeunesse, papa, a été une épreuve terrifiante. À l'âge de 9 à 13 ans, tu as affronté les ravages de la guerre. Puis, avec un courage indomptable, tu as quitté ta patrie pour servir la France en Algérie. Les photos de ta campagne africaine, je les contemple avec une admiration mêlée d'émotion. Le 7 avril 1966, tu m'as donné la vie, transmettant ainsi ton humour, ta sagesse et ton don inné pour les autres. Je me souviens des moments où tu faisais vibrer la scène en tant qu'acteur à la troupe de théâtre du foyer Don Bosco. Grâce à toi, j'ai découvert la chorale, et du haut de ma jeunesse, j'observais la messe sous un angle unique. La foi que tu m'as transmise et nos nombreuses visites aux missions africaines à Saint Pierre chez ton oncle Monseigneur Strebler, ainsi que nos vacances à Lourdes, restent des souvenirs empreints de spiritualité et d'amour. Les après-midi passés au cimetière pour effectuer des tâches de nettoyage, les visites dans ton usine De Dietrich, ta fierté palpable, et la manière dont tu connaissais chaque pièce en stock ont forgé mon admiration pour toi. Tu as su partager ton amour pour le club de football local, l'AS Mertzwiller, que tu supportais avec une passion débordante, tout comme les matchs du Racing que tu m'as fait découvrir. Chaque fois que tu assistais à mes matchs, je sentais la pression supplémentaire, de peur de te décevoir. Lorsque, à l'âge de 18 ans, j'ai maladroitement endommagé ta voiture, tu n'as jamais proféré de reproche. Ta préoccupation première était de constater que j'étais en vie, et cela en soi était ta plus grande satisfaction. Ainsi, guidé par tes enseignements, je suis devenu un homme partageant ces valeurs et déterminé à les transmettre à mes propres enfants. Papa, de là-haut, je ressens aujourd'hui que tu es toujours à mes côtés, veillant sur moi. Je voulais simplement prendre la plume une dernière fois pour te dire combien je t'aime. Ton fils Patrick.